18 JUILLET à 19h // CONCERT Festival Radio France Occitanie Montpellier
GABRIEL RIGNOL – THEOBRE
Baroque
En l’Église de Montaud
L’Apologie du Théorbe
Récit de la vie d’un instrument entre Italie France et Allemagne
Invention : La première partie de ce concert met en scène l’histoire énigmatique du théorbe à travers une conversation musicale entre trois compositeurs qui revendiquent son invention : Alessandro Piccinini, Giovanni Girolamo Kapsberger et Bellerofonte Castaldi ont tous trois affirmé être les créateurs du théorbe. Quoi qu’il en soit, il est indéniable que ces trois musiciens étaient d’immenses virtuoses du théorbe, les compositions qu’ils nous ont laissées à l’appui.
Alessandro Piccinini est un luthiste et compositeur de la fin du 16ème et du début du 17ème siècle, originaire de Bologne, en Italie. Son père, ses frères et son fils étaient également des luthistes. Il commence sa carrière à la cour de Mantoue en 1582, avant de se rendre avec sa famille à la cour d’Este à Ferrare, où il travaille jusqu’à la mort du duc Alfonso II en 1597. Il passe ensuite au service du cardinal Pietro Aldobrandini à Bologne et Ferrare, où il demeure jusqu’à sa mort en 1621.
Piccinini a publié deux volumes de musique pour luth et théorbe, intitulés Intavolatura di liuto et di chitarrone, libro primo et Intavolatura di liuto, libro secondo (publié par son fils de manière posthume). Ce premier ouvrage est introduit par une importante préface dans laquelle il décrit le type de théorbe qu’il prétend avoir développé et fait fabriquer à Padoue en 1594. Les compositions pour l’archiluth de Piccinini lui valurent à l’époque sa bonne réputation, notamment ses toccatas, courantes et gaillardes, et ses nombreuses variations sur ces formes musicales.
Bellerofonte Castaldi, compositeur italien du début du XVIIème siècle, était en son temps connu pour ses talents de théorbiste, de luthiste et de chanteur. Artiste complet, il est également un écrivain accompli, publiant poèmes et essais en plusieurs ouvrages. Sa personnalité flamboyante et sa virtuosité de luthiste lui valent la réputation d’être l’un des musiciens les plus colorés de son époque. L’on se souvient de son style vif et provocateur, qui lui valut des ennemis et l’a souvent mis en difficulté devant les autorités : il fut emprisonné et exilé à plusieurs reprises en raison de ses écrits satiriques politiquement chargés et souvent licencieux qui critiquaient l’ordre établi, l’hypocrisie des hommes d’église et les puissants et influents. Jeune homme, il voyage en Allemagne et dans toute l’Italie, s’installant temporairement à Gênes, en Sicile, par deux fois à Naples et trois à Rome. Célébré pour son esprit indépendant et sa créativité, il a exercé une influence importante sur la musique et les arts de son époque.
Johannes Hieronymus Kapsberger est certainement le plus connu des trois. Compositeur, luthiste et théorbiste italien du XVIIème siècle, il est connu pour sa virtuosité et son statut de noble allemand. Il travaille à Rome pour le cardinal Francesco Barberini et collabore avec de nombreux compositeurs de l’époque tels que Girolamo Frescobaldi, Luigi Rossi, Domenico Mazzocchi, Stefano Landi et Giovanni Doni, ainsi que les poètes Ottavio Tronsarelli, Giovanni Ciampoli et Giulio Rospigliosi. Kapsperger était connu pour son habileté à composer de la musique pour divers instruments, en particulier pour le théorbe, et pour sa polyvalence stylistique. Sa musique vocale comprend opéras et cantates, motets et madrigaux. Kapsperger a été salué par une grande partie du monde artistique européen, de l’artiste Vincenzo Giustiniani au théoricien G.B. Doni en passant par le polymathe jésuite Athanasius Kircher, on l’a considéré comme le successeur de Monteverdi. Selon Tobias Michael, Kantor de la Thomaskirche de Leipzig 50 ans avant J.S. Bach, « l’art de M. Kapsberger est très attrayant pour moi, et je l’ai suivi autant que j’ai pu ». Ses œuvres reflètent les tendances musicales de Rome au début du XVIIe siècle.
Transmission :La seconde partie de ce concert contera l’arrivée du théorbe en France et la façon dont il a été inséré dans la musique de ce pays grâce au compositeur Robert de Visée. Musicien du XVIIème siècle connu pour ses compositions pour guitare et théorbe, on sait que Robert de Visée était très apprécié à la cour de Louis XIV et qu’il a été nommé professeur de guitare du Roy en 1719, enseignant ainsi à Louis XIV lui-même. Il a publié deux livres de pièces pour la guitare et a également laissé un livre de suites pour dessus et basse continue qui sont des transcriptions de certaines de ses propres œuvres pour théorbe et luth baroque. Ces pièces pour théorbe et luth ne nous sont parvenues que sous forme manuscrite. On sait que De Visée a participé aux fêtes des Grandes Nuits de Sceaux données par la duchesse du Maine à son château de Sceaux, où il se produisait aux côtés de ses collègues Marin Marais et François Couperin.
Pérégrinations :La dernière partie de ce programme nous fait passer la frontière vers l’Allemagne, où la présence du théorbe est attestée par les écrits de Mattheson, bien qu’aucun répertoire pour cet instrument soliste ne nous soit parvenu. Il s’agit donc d’imaginer le répertoire des théorbistes outre-Rhin…Gardons à l’esprit qu’Allemagne, l’art de la transcription est maitrisé et apprécié de tous les maîtres de musique : le meilleur d’entre eux est certainement J.S. Bach, transcrivant dans sa jeunesse des pièces de son maitre J.A. Reinken et des concertos d’Antonio Vivaldi, avant de remanier plus tard ses propres œuvres pour un effectif différent (transcrivant entre autres la 5ème suite pour violoncelle pour le luth ou la fugue de la première partita pour violon pour l’orgue). Il vous sera donc proposé d’entendre la première suite pour violoncelle, suite dans un goût français, composé à l’origine pour un instrument à l’époque typiquement italien.
Last modified: 5 juillet 2023